Résumé du projet

Contexte

La modélisation mathématique des risques potentiels associés à toute modification des critères d’admissibilité aux dons de sang et de plasma des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HARSAH) est nécessaire, à la fois dans le contexte actuel de sécurité transfusionnelle et dans le cas où d’autres stratégies de réduction des risques (p. ex. réduction des agents pathogènes) seraient adoptées. Les groupes LGBTQ+ préconisent une sélection de l’ensemble des donneurs basée sur le mode de vie, soit une approche « neutre », afin de permettre aux HARSAH qui présentent de faibles risques de transmission du VIH de donner leur sang. Les stratégies potentielles basées sur l’évaluation individuelle des risques comprennent la non-admissibilité pendant une période donnée au don de sang en fonction du nombre de partenaires sexuels ou du nombre de nouveaux partenaires sexuels, ou encore la mise en place d’un algorithme de questions sur les comportements sexuels à risque. Cette étude se propose d’estimer les risques de distribution d’une unité de sang infectée par le VIH en fonction de différentes politiques d’admissibilité au don de sang des HARSAH et, pour ce faire, répond aux questions suivantes : Quel est le risque résiduel estimatif de transmission du VIH (c.-à-d. le risque restant après l’adoption de moyens d’identification et de contrôle des risques) avec l’instauration d’une période de non-admissibilité de trois mois après le dernier rapport sexuel pour les HARSAH? Quel serait le risque résiduel de transmission du VIH si un certain nombre de critères permettant l’évaluation individuelle des risques étaient adoptés au Canada? Quel serait l’impact de ces changements en termes de non-admissibilité et de recrutement de donneurs?

Description

Une équipe internationale d’experts en modélisation mathématique a ajusté un modèle qu’elle avait déjà développé pour l’évaluation de périodes de non-admissibilité limitées dans le temps des HARSAH. Ce modèle peut être utilisé pour prédire les risques et comparer des politiques semblables à partir de données de recherche actuelles, mais aussi des nouvelles données générées par les projets effectués dans le cadre du Programme de subventions de recherche sur les HARSAH. Ce modèle a été utilisé pour estimer les risques de transmission du VIH lorsque les HARSAH doivent observer une période d’attente de trois mois après leur dernier rapport sexuel avec un autre homme pour donner du sang. Les risques résiduels ont été modélisés selon les trois scénarios suivants : 1) scénario le plus plausible : aucun changement du non-respect des critères de sélection, de la prévalence du VIH et du taux d’incidence chez les HARSAH; 2) scénario optimiste : diminution du non-respect des critères de sélection de 50 %; et 3) scénario pessimiste : doublement du non-respect des critères de sélection, de la prévalence du VIH et du taux d’incidence chez les HARSAH.

Résultats

Au départ, le risque résiduel de transmission du VIH était de 1 sur 36,0 millions de dons (intervalle de confiance de 95 %, 1 sur 1 504 907 millions, 10,5 millions); dans le scénario le plus plausible, il était de 1 sur 34,2 millions (1 sur 225 534 millions, 8,7 millions); dans le scénario optimiste, il était de 1 sur 36,0 millions (1 sur 282 618 millions, 9,5 millions); et dans le scénario pessimiste, il était de 1 sur 16,7 millions (1 sur 39 469 millions, 6,0 millions). Tous les intervalles de confiance se chevauchaient. Avec un risque modélisé déjà très faible pour la période de non-admissibilité de douze mois, le risque supplémentaire représenté par la réduction de la période de non-admissibilité à trois mois est également très faible. Ceci est vrai même avec un scénario pessimiste.

Applications

Ce modèle a été conçu pour estimer les risques représentés par la réduction de la période de non-admissibilité au don de sang des HARSAH, et a été utilisé par la Société canadienne du sang et Héma-Québec pour étayer leur demande de réduction de la période de non-admissibilité à trois mois auprès de Santé Canada. Il peut également servir à modéliser d’autres types de risques d’infection après modification d’une période de non-admissibilité. Les paramètres de ce modèle ont, par exemple, été appliqués à un autre modèle visant à estimer les risques associés à la suppression de la période de non-admissibilité des HARSAH dans le cadre du don de plasma par aphérèse.

Lacunes

Une approche différente devra être utilisée pour évaluer les risques de transmission de maladies infectieuses dans le cadre du don de plasma ainsi que la pertinence d’une étape de mise en quarantaine pour les produits ayant subi un processus d’inactivation pathogénique pour l’évaluation de critères de sélection alternatifs comme l’évaluation des risques individuels présentés par les donneurs de sang total. L’équipe travaille actuellement à l’élaboration d’un modèle pour le don de plasma destiné à la fabrication de produits de fractionnement avec réduction des agents pathogènes (voir mise à jour de A. Lewin). 

Publications et ressources

Modélisation mathématique des risques — plasma


Antoine Lewin, biostaticien en chef à Héma-Québec, a étudié un modèle mathématique afin de comprendre les risques associés au don de plasma par les hommes gais, bisexuels et autres HARSAH.

Projet terminé et publié.

Estimation des risques liés au VIH


Le Dr Trevor Hart, professeur de psychologie à l’Université Ryerson, se propose d’estimer les risques de transmission du VIH en fonction de différents critères d’admissibilité à l’aide de modèles biocomportementaux et mathématiques.

Projet terminé, non publié

Sondages SexNow


Nathan Lachowsky, professeur adjoint à l’Université de Victoria, a entrepris de recueillir des données grâce à des sondages destinés aux hommes gais, bisexuels et autres HARSAH dans tout le Canada afin d’étayer la mise en place d’un processus d’évaluation basé sur les risques individuels posés par les donneurs en fonction de leur mode de vie et de favoriser l’adoption d’autres critères d’admissibilité.

Projet terminé, non publié