Les besoins sont constants no 14: Par amour pour son frère

Abby Acosta-Pickering n’était pas la donneuse choisie pour faire un don de cellules souches à son frère, mais il y a eu la pandémie

Information
24 avril 2020

Abby Acosta-Pickering a fait un don de cellules souches à son frère pour l’aider à combattre un cancer. 

Abby

À l’été 2019, Abby a remarqué que son jeune frère de 7 ans, Ollie, avait une petite bosse rouge dans le cou. « On brossait nos dents ensemble, raconte Abby, 11 ans. Je trouvais que ça ressemblait à une ampoule », explique-t-elle. 

Même si ça ne lui semblait pas très grave, Abby en a parlé à ses parents, qui ont emmené Ollie chez le médecin. S’en est suivi une série de rendez-vous et de tests. Puis, en novembre, la terrible nouvelle est tombée : la bosse, qui avait grossi, était cancéreuse. Le jeune garçon souffrait d’un lymphome anaplasique à grandes cellules.  

 « Ma mère est venue me chercher à l’école plus tôt que d’habitude », se souvient Abby, élève de 6e année, à Ottawa. « Je me suis mise à pleurer et je ne pouvais plus m'arrêter. » 

Arrivée à la maison, elle a vu que son frère était terrifié. Pour le distraire, elle lui a proposé de jouer au baby-foot. Depuis, tout comme ses parents, Dawn Pickering et Mario Acosta, elle fait tout ce qu’elle peut pour aider Ollie à traverser les épreuves : infections, traitements intensifs de chimiothérapie, perte de la vue…  

La famille vit la pandémie dans un condo loué près de SickKids, l’hôpital pour enfants de Toronto, aidant Ollie à se préparer à sa meilleure chance de survie : une greffe de cellules souches. 

Image
Abby
Abby, à Toronto, en avril 2020, peu de temps après avoir fait un don de cellules souches pour aider son frère à lutter contre le cancer.  

À travers les hauts et les bas 

Abby n’était pas censée être la solution.  

Au départ, les cellules souches devaient provenir d’un donneur anonyme. En fait, le Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang avait permis de trouver trois donneurs potentiels. « Quand on a appris qu’il y avait trois donneurs parfaitement compatibles, c’était comme si on venait de gagner à la loterie », se rappelle Dawn.  

La greffe devait avoir lieu en avril 2020, mais la pandémie de COVID-19 a changé la donne. À cause des restrictions et des annulations de vols, il y avait un risque que les cellules souches, souvent expédiées d’autres pays, n’arrivent pas dans le délai prescrit. Les médecins craignaient également que le donneur contracte le virus avant de pouvoir faire son don. 

Voulant éviter ces risques, l’équipe médicale s’est tournée vers la famille. Ni Abby ni ses parents n’étaient compatibles avec Ollie à 100 %; les trois étaient « haplo-identiques », ce qui signifie qu’ils étaient à moitié compatibles. Grâce aux progrès de la médecine, cette compatibilité était toutefois suffisante pour que l’un des trois puisse faire un don.  

Abby s’est avérée avoir le profil génétique correspondant le mieux à celui d’Ollie. C’est donc elle qui est devenue le meilleur espoir de son petit frère.  

« Je ne voulais pas demander à ma fille de onze ans de tenter de sauver mon fils de sept ans. C’est un poids vraiment lourd à porter, estime Dawn. Et pourtant, c’est ce qui est arrivé. » 

Quel impact la COVID-19 a-t-elle sur la greffe de cellules souches au Canada? 
Les besoins sont constants no 12 : Attendre une greffe en temps de pandémie

La principale intéressée assure toutefois qu’elle était prête. « Sincèrement, j’ai toujours pensé que c’est moi qui allais faire le don. J’avais l’impression que c’était le destin », explique-t-elle. « C’était ma chance de montrer à Ollie que je serais là pour lui, pour le meilleur et pour le pire. » 

Image
Abby, 11, prepares to donate stem cells for her brother.
Abby, 11 ans, juste avant le don. 

Le don  

À la fin mars, pendant qu’une bonne partie du pays était sur pause à cause de la pandémie, la famille a pris la route pour Toronto, où Abby avait rendez-vous pour faire son don.  

Même si elle était prête, la jeune fille appréhendait un peu l’intervention, ce qui se comprend aisément. Dans une vidéo maison qui relate son expérience, elle explique chaque étape. La démarche commence par une visite à l’hôpital, où elle reçoit la première d’une série d’injections destinées à augmenter le nombre de cellules souches dans son sang.  

« C’était épeurant parce que je n’aime pas les aiguilles et je n’ai pas une très grande tolérance à la douleur », admet Abby.  

Après une série d’injections réparties sur cinq jours, elle a passé environ cinq heures connectée à une machine qui prélevait du sang d’un de ses bras, en séparait les cellules souches et retournait le reste par une aiguille dans son autre bras. 

Image
Abby, left, with her mother, Dawn, donated stem cells for her brother in March 2020.
Abby et sa mère, Dawn. 

Dawn n’aurait pu être plus fière de sa fille. « J’ai toujours su qu’Abby était une bonne personne. Elle est sensible et a un grand cœur. Mais de faire ça malgré sa peur, c’est immense », dit-elle. 

Au bout du compte, l’expérience s’est révélée beaucoup moins pénible qu’Abby l’avait anticipé. « À la fin, je me suis dit, “c’est tout?” », raconte-t-elle. 

La jeune fille songe déjà à faire un autre don une fois qu’elle sera adulte afin d’aider quelqu’un d’autre. « C’est totalement surréaliste! C’est magique, tellement spécial », lance-t-elle. 

Image
Mario and his son, Ollie, get some fresh air on the balcony of their condo in Toronto. The family is hoping Ollie can soon receive a transplant of stem cells from Ollie’s sister Abby.
Mario et son fils, Ollie, prenant l’air sur le balcon de leur condo, à Toronto. La famille espère qu’Ollie pourra bientôt recevoir les cellules souches de sa sœur, Abby.   

Attente et espoir 

Le dernier obstacle à la greffe est la santé même d’Ollie. Le jeune garçon devait commencer des traitements de radiothérapie tout de suite après Pâques afin de préparer son corps à la greffe, mais entre-temps, les médecins ont découvert qu’il avait de nouveau un cancer au cerveau. 

Pour que la perspective d’une greffe et d’une guérison se concrétise, il faut qu’Ollie subisse un autre cycle de chimiothérapie et que cette chimio mette le cancer en rémission. Entre-temps, les cellules souches d’Abby attendent dans un congélateur, prêtes à être greffées.  

Aujourd’hui plus que jamais, la famille vit un jour à la fois, ce qui ne l’empêche pas de continuer à penser aux autres. Abby et les siens espèrent que la vidéo pourra servir de guide et rassurer d’autres enfants qui auront à faire un don de cellules souches pour un membre de leur famille. Ils espèrent tous que son histoire incitera des adultes — et des jeunes sur le point de l’être — à s’inscrire au registre de cellules souches et à faire un don si jamais ils sont appelés à le faire.  

« Vous pourriez sauver la vie de quelqu’un comme Ollie », conclut Abby.  

 

La COVID-19 a un impact sur la greffe de cellules souches au Canada. À cause de la fermeture des frontières et de l’annulation de vols, il devient difficile de transporter des cellules souches d’un pays à l’autre. Par conséquent, les centres de greffe du Canada devront sans doute compter plus que jamais sur les donneurs canadiens pour aider les patients en attente de la greffe de cellules souches qui leur sauvera la vie. Nous encourageons les Canadiens de 17 à 35 ans qui sont en bonne santé à s’inscrire en ligne pour recevoir leur trousse de frottis buccal par la poste. 

Share this story

ShareTweetShare

Sur le même sujet