De la tragédie à l’amour — ou les débuts d’une vie de donneur
Ron Rupke a fait 201 dons de sang depuis qu’une amie a failli perdre la vie dans un accident. Voilà maintenant cinquante ans qu’ils sont mariés.
Nous avons besoin que 100 000 nouveaux donneurs rejoignent la chaîne de la vie du Canada cette année. Vous pouvez aider en prenant rendez-vous pour faire un don de sang ou de plasma au cours de l’été. Vous utilisez l’application DonDeSang? Il suffit de cliquer sur « Selfie » pour inciter les personnes qui vous suivent sur les réseaux sociaux à faire de même. N’oubliez pas d’identifier la @CanadasLifeline!
L’histoire de donneur de Ron Rupke a commencé en juin 1972 sur une route mal éclairée qu’il ne connaissait pas, au nord de l’Ontario.
Cette année-là, il avait décidé d’interrompre ses études pendant un an et de quitter Bradford (Ontario) pour aller travailler en Colombie-Britannique. Son amie Margaret Reitsma l’accompagnait jusqu’à Thunder Bay (Ontario). Elle espérait commencer une carrière d’enseignante et avait prévu de visiter une école là-bas.
À Thunder Bay, alors que les deux amis cherchaient un hébergement vers 23 h, la voiture a fait une sortie de route, atterrissant dans un ponceau ouvert et non indiqué. Ron s’en est sorti indemne, mais Margaret a été projetée à travers le pare-brise.
« Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est passée proche de la mort, se souvient Ron, qui vit aujourd’hui à Brighton (Ontario). Elle perdait beaucoup de sang. »
Les médecins, tout comme les ambulanciers, sont intervenus rapidement. Ayant subi de nombreuses lacérations à la tête et au cou, Margaret a passé plusieurs heures dans la salle d’opération, où elle a reçu du sang O négatif malgré le fait qu’elle soit O positif. En situation d’urgence, lorsque le temps manque pour vérifier le groupe sanguin, on transfuse du sang O négatif, le groupe sanguin universel.
Le sang O négatif, un produit précieux qui sauve des vies
Après la tragédie, le rapprochement et le début d’une histoire de dons de sang
Margaret a passé de nombreuses semaines aux soins intensifs. Ron a donc annulé son projet de voyage vers l’ouest pour trouver un emploi à Thunder Bay. Il rendait visite à son amie tous les jours. Au fil des visites, ils se sont rapprochés et une histoire d’amour s’est développée.
Malgré ses graves blessures, Margaret s’est vite remise et a même pu commencer à enseigner en septembre. Quant à Ron, il s’est inscrit dans un collège chrétien de l’Iowa pour terminer son baccalauréat en arts.
En août 1973, Ron et Margaret se sont dit oui. La même année, Ron a fait son premier don de sang à Thunder Bay. À l’époque, c’est la Croix-Rouge canadienne qui recueillait les dons de sang au Canada, jusqu’à la création de la Société canadienne du sang en 1998.
Ron était bien conscient que Margaret n’aurait pas survécu sans les généreux dons de sang, mais c’est la communauté que forment les donneurs de sang qui lui a donné la motivation nécessaire pour continuer.
« Les médias locaux notaient le nombre de dons effectués à chaque collecte, ce qui créait une compétition amicale entre des villes rivales. C’était vraiment quelque chose! »
Ron a continué à donner du sang après avoir déménagé dans la région de Toronto dans les années 1980. Aujourd’hui, il donne à Brighton (Ontario), où il vit. Il n’a jamais manqué un rendez-vous et donne aussi souvent qu’il le peut (nos critères d’admissibilité autorisent les hommes à donner tous les 56 jours).
Il a passé le cap des 100 dons en 2000. Ses cinq enfants étaient alors tous en âge de donner et ont commencé à l’accompagner à ses rendez-vous. Ron hésite tout de même à s’attribuer le mérite de leur générosité.
« Je ne parle pas tellement du fait que je donne du sang. Quand je me rendais à un rendez-vous, je les informais juste de l’endroit où j’allais. Mais je ne les ai jamais poussés à donner à leur tour. Mes enfants savent que le don de sang a sauvé leur mère, c’est une motivation suffisante », déclare-t-il.
En mars 2022, Ron a fait son 200e don lors d’une collecte mobile à Brighton. Il est fier de pouvoir dire que certains de ses petits-enfants sont aussi devenus donneurs de sang. Bien qu’une personne sur deux au Canada soit admissible au don de sang, de plasma et de plaquettes, seule une sur 80 le fait — une statistique qui a de quoi rendre Ron fier de sa famille. Il sait que nous avons besoin de beaucoup plus de donneurs, et il espère que l’histoire de Margaret incitera les gens à s’impliquer.
« Le simple geste de s’allonger dans un fauteuil pour donner du sang a permis de sauver la vie de ma femme »
Plus tard cette année, Ron et Margaret célébreront leur 49e anniversaire de mariage. Quelle émotion pour Ron de penser à la vie et à la famille que lui ont offertes les donneurs de sang!
« L’accident était terrible, mais je sais aussi que c’est ce qui nous a rapprochés. Margaret ne m’a jamais reproché ce qui est arrivé. Elle s’est simplement battue pour survivre et rester optimiste, sans jamais regarder en arrière. »
Ron a fièrement accroché au mur le certificat qui lui a été remis pour son 200e don. Il est heureux d’être à l’honneur de la Semaine nationale du don de sang, mais comme la plupart des donneurs, il ne recherche ni la gloire ni les compliments. Il compte bien continuer à donner régulièrement après avoir effectué son 201e don en mai.
« Je ne pourrai jamais complètement payer la dette que nous devons aux donneurs qui ont sauvé Margaret lorsqu’elle en avait vraiment besoin. C’est grâce à elle que j’ai fait de ce terrible moment quelque chose de positif. Je lui en suis éternellement reconnaissant. »