« Derrière chaque don de sang, j’imagine un visage. »

31 mai 2024
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Une receveuse en veste magenta, tenant des jumelles.

Pour chaque don de sang reçu, Wai Yin Mok envoie une pensée reconnaissante à ces personnes qui lui rendent ses ailes malgré un mal inexplicable.

Wai Yin Mok vit avec un mal mystérieux : son corps n’arrive pas à conserver les globules rouges nécessaires au transport de l’oxygène. Elle mène heureusement une vie active, malgré tout, grâce aux transfusions sanguines qu’elle reçoit à quelques semaines d’intervalle. 

Depuis 2017, plus de 250 unités de sang neuf ont coulé dans les veines de Wai Yin. Ses bienfaiteurs pourraient vivre à deux pas – à Toronto – ou à l’autre bout du pays. Ils pourraient être jeunes ou, comme elle, à la retraite. Quels que soient leurs noms ou leurs visages, Wai Yin leur doit une fière chandelle. Elle leur adresse ici un émouvant témoignage de gratitude : 

« Vos dons accomplissent des miracles dans la vie des gens, souligne-t-elle. Peut-être ignorez-vous les pensées qu’on vous porte, mais derrière chaque don de sang, j’imagine un visage. Je me représente le donneur ou la donneuse et je murmure une bénédiction pour sa famille. » 

Une transfusée contemplant des oiseaux à travers ses jumelles.
Des centaines de donneurs de sang, au fil des années, ont pavé le chemin permettant à Wai Yin Mok de s’épanouir dans ses passions de retraitée. En tête de liste de ces fantaisies : l’observation des oiseaux! 

Une transfusée et sa mission : répandre « l’énergie positive » 

La quête de Wai Yin pour diffuser une énergie positive l’a poussée, en 2021, à raconter son histoire à la Société canadienne du sang. Les années passent, les transfusions s’enchaînent, mais rien ne vient percer le mystère de sa maladie. Les médecins peinent à poser un diagnostic. Rien n’explique pourquoi, avant chaque rendez-vous, la faiblesse submerge Wai Yin au point qu’elle doit recourir à un service de transport adapté. 

L’espoir d’une révélation avait pourtant surgi avec l’analyse de la moelle osseuse de Wai Yin : on y avait détecté deux mutations génétiques. L’une d’elles se rattachait à une forme rare d’anémie hémolytique héréditaire, maladie accélérant la destruction des globules rouges. Pourtant, le cas de Wai Yin demeure un mystère. Il ne suit pas la progression habituelle de cette forme d’anémie. 

Faute d’une réponse définitive, on s’attache à pallier les symptômes. Des ajustements, notamment des perfusions de fer régulières, insufflent à Wai Yin une nouvelle énergie et tempèrent son besoin de sang. On peut maintenant la croiser dans le métro, se rendant à ses rendez-vous, entre lesquels elle parvient à entretenir ses passions : les randonnées, l’ornithologie, l’opéra, le ballet, les voyages et, cerise sur le gâteau : le bridge! 

« Il n’y a que quatre ou cinq mois que j’ai découvert ce passe-temps, reconnaît-elle. Je me prends au jeu, si bien que j’en suis devenue accro ! » 

Wai Yin s’adonne aussi à une nouvelle passion qui lui apporte son plus grand bonheur de retraitée : tendre la main aux autres. Dans une communauté de retraités, chaque mardi, elle se transforme en mentore. S’appuyant sur son vécu d’éducatrice, elle initie au bridge une résidente aux prises avec des troubles d’élocution et d’audition. 

Wai Yin consacre aussi du temps à visiter des amis astreints à domicile en raison de problèmes de mobilité ou de démence. 

« Je souhaite transmettre cette énergie positive et ce bien-être qui circulent en moi, confie Wai Yin. Le sang vigoureux d’autrui coule dans mes veines, il me garde en forme et me permet de savourer la vie. Mon souhait ? Partager cette joie de vivre ! » 

Une transfusée donnant des leçons de bridge.
Wai Yin Mok s’est découvert une nouvelle passion pour le bridge.

Avant que la transfusion sanguine ne devienne pratique courante, des gens comme moi périssaient. 

Avant d’en devenir elle-même bénéficiaire, Wai Yin faisait peu de cas du don de sang. Aujourd’hui, en revanche, elle soutient généreusement la cause par des dons d’argent périodiques à la chaîne de vie du Canada. Ces dons stimulent la recherche et l’innovation, ainsi que le recrutement de donneurs variés pour les patients en attente de sang, de plasma, de cellules souches, d’organes ou de tissus. 

Wai Yin a aussi créé une équipe dans le cadre du programme Partenaires pour la vie. C’est une manière ludique de réunir des donneurs de sang ou de plasma, de fixer des objectifs et de suivre les progrès. L’objectif pour la première année était de 23 dons de sang – en l’honneur de KIF23, l’un des gènes mutants de Wai Yin. 

Heureuse de dépasser son objectif initial, Wai Yin a fixé celui de l’année suivante à 123, « parce que 1-2-3, c’est l’amorce d’un signal de départ! » explique-t-elle. Elle a aussi commencé à envoyer des lettres annuelles à ses coéquipiers, les remerciant de leur contribution, leur expliquant le nouvel objectif et les encourageant à s’y attacher. 

Wai Yin a même déjà fixé son prochain objectif. Elle a décidé d’honorer un ami et coéquipier qui, depuis des décennies, organise des campagnes de nettoyage sur la rive d’un lac voisin. Ce même coéquipier, lors de sa plus récente campagne, a recruté 198 bénévoles. Le chiffre a inspiré Wai Yin à viser 198 dons de sang. C’est une manière de rendre hommage aux services de cet ami tout en soutenant les patients : des Canadiennes et des Canadiens aux besoins aussi critiques que ceux de Wai Yin. 

« Avant que la transfusion sanguine ne devienne pratique courante, des gens comme moi périssaient », dit-elle, pleinement consciente de l’importance de cette avancée.


Merci à tous les receveurs qui ont partagé leur histoire pour souligner la Semaine nationale du don de sang 2024. Pour lire d’autres histoires et participer à notre célébration des donneurs, visitez sang.ca/NBDW.

 

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