« Il faut de la diversité, de l’équité et de l’inclusion dans toutes les organisations »
Survivante des pensionnats indiens, Annette Regalado travaille à la Société canadienne du sang à Regina (Sask.)
Annette Regalado était encore sous le choc de la découverte des restes de 215 enfants autochtones à Kamloops (C.-B.), quand elle entendit la nouvelle : 751 tombes non identifiées venaient d’être découvertes sur les terres d’un autre pensionnat indien, cette fois-ci en Saskatchewan, sa propre province.
« J’étais déjà dévastée par la découverte de la fosse commune à Kamloops, et la découverte des tombes en Saskatchewan m’a frappée de plein fouet », raconte-elle. Elle-même survivante des pensionnats indiens, elle travaille actuellement comme représentante des services aux donneurs à la Société canadienne du sang à Regina (Sask.). « J’ai eu le cœur brisé pour toutes les familles qui ignoraient ce qui était arrivé à leurs enfants, et ces découvertes m’ont rappelé de tristes souvenirs. »
Ses parents étaient membres de la Première Nation de Peepeekisis, qui se trouve dans le sud de la Saskatchewan, à environ 100 km de la Première Nation de Cowessess, où les tombes non identifiées ont été découvertes en juin 2021. Huitième d’une fratrie de neuf enfants, Annette se rappelle qu’elle aidait ses parents à s’occuper du bétail et des poulets sur les terres de la réserve. Elle a aussi gardé en mémoire les répercussions qu’a eues le système de pensionnats indiens sur sa famille.
« C’était dur. Mes deux frères aînés et une de mes sœurs ont été emmenés au pensionnat indien de Birtle (Man.), raconte-t-elle. Ils n’étaient jamais autorisés à rentrer à la maison, car nous habitions loin de l’école. Mes parents étaient toujours inquiets pour eux. »
En 1972, Annette est entrée au pensionnat indien de Qu’Appelle, à Lebret (Sask.). « J’étais très jeune et je n’avais jamais été séparée de ma mère, alors j’étais terrifiée, et je me sentais très seule parfois, même si ma sœur cadette était avec moi. »
Le souvenir de cette sombre époque est douloureux pour Annette, mais elle considère ces récits comme nécessaires pour guérir les blessures.
« Certains de mes camarades d’école se sont enfuis et ne sont jamais revenus. Nous n’avons jamais su ce qui leur était arrivé, dit-elle. Moi aussi, je me suis enfuie, parce que quelque chose de grave m’était arrivé à l’école. Je n’y suis jamais retournée. Ces histoires sont importantes pour mes enfants et leurs enfants aujourd’hui, car elles sont à la base de la réconciliation et de la justice que nous demandons. »
Pour Annette Regalado (troisième à gauche), représentante des services aux donneurs, et ses collègues, c’est toujours un plaisir d’accueillir les gens au centre de donneurs de la Société canadienne du sang de Regina (Sask.). Annette voit régulièrement des membres de sa communauté autochtone venir faire des dons de sang. Elle estime qu’ils sont essentiels à la chaîne de vie du Canada.
Tisser des liens avec les Autochtones
En juin, nous célébrons le Mois national de l’histoire autochtone en mettant à l’honneur l’héritage, les contributions et les cultures des Premières Nations, des Inuits et des Métis du Canada. Cette année, la célébration nationale est assombrie par la terrible découverte des restes de 215 enfants autochtones à Kamloops et des centaines de tombes non identifiées en Saskatchewan.
Célébrons la Journée nationale des peuples autochtones
Pour souligner ces événements tragiques, la Société canadienne du sang avait d’abord mis ses drapeaux en berne à mi-hauteur pendant 215 heures, une heure pour chaque enfant dont les restes avaient été retrouvés en Colombie-Britannique. Elle les a remis en berne en hommage aux enfants enterrés dans les tombes non identifiées découvertes en Saskatchewan. Annette estime que c’était « la bonne chose à faire », mais reconnaît que les organisations et les gouvernements du Canada doivent adopter des mesures beaucoup plus « concrètes » pour faire progresser le travail de réconciliation.
L’an dernier, la Société canadienne du sang s’est engagée à créer une culture d’inclusion, tant au niveau de ses employés que des donneurs et des intervenants. Pour donner suite à cet engagement, nous mettons sur pied une grande initiative visant à tisser et à renforcer les liens avec les communautés autochtones.
Annette a hâte de constater les résultats de ce projet. « Je crois qu’il faut de la diversité, de l’équité et de l’inclusion dans toutes les organisations, surtout dans celles qui répondent aux besoins de tous les Canadiens, comme la nôtre, dit-elle. J’espère vraiment que notre travail ne négligera pas les Autochtones qui vivent dans des zones rurales et qui ont un besoin constant de services de santé adéquats. »
Annette Regalado a eu envie de travailler pour la Société canadienne du sang grâce à sa petite-fille Shanelle Johnson, photographiée ici en 2016, lors de son bal des finissants. Shanelle a reçu des transfusions sanguines pendant son traitement contre la leucémie.
La propre petite-fille d’Annette, Shanelle Johnson, fait partie des personnes qui ont eu besoin de la chaîne de vie du Canada. Elle est même la raison pour laquelle Annette a eu envie de travailler pour la Société canadienne du sang il y a plus de quinze ans. On a diagnostiqué à Shanelle une leucémie lorsqu’elle avait quatre ans, et les produits sanguins ont eu un rôle important dans son traitement — un autre souvenir très douloureux pour Annette qui, par chance, a eu une fin heureuse.
« Je la voyais recevoir les traitements de chimiothérapie, et je ne pouvais pas la prendre dans mes bras à l’époque, car sa peau se couvrait très vite de bleus, raconte-t-elle. Aujourd’hui, Shanelle a 22 ans et elle a terminé l’école secondaire. Nous sommes vraiment reconnaissants qu’elle ait pu recevoir des produits sanguins. Cela me rappelle chaque jour l’importance de notre travail. »
Ce Mois national de l’histoire autochtone est l’occasion pour nous de découvrir le vécu des Premières Nations, des Inuits et des Métis et de réfléchir à leurs contributions dans la société. Nous sommes conscients qu’il faut agir pour éliminer les obstacles, améliorer l’équité et favoriser l’inclusion, et ce, tout au long de l’année. Pour en savoir plus sur notre engagement à l’égard de la diversité, de l’équité et de l’inclusion : sang.ca/DEI.