Nous vous présentons le Stem Cell Club
Le Dr Fingrut et ses bénévoles ont recruté des dizaines de milliers de donneurs potentiels de cellules souches
Le Dr Warren Fingrut a fondé le Stem Cell Club lorsqu’il était étudiant en médecine à l’Université de la Colombie-Britannique.
Même pendant la pandémie, des bénévoles extraordinaires dans les universités du pays continuent d’aider à sauver des vies en recrutant des donneurs potentiels de cellules souches pour le Registre de donneurs de cellules souches.
Ces bénévoles sont membres du Stem Cell Club, qui célèbre son dixième anniversaire en 2021. Le club, qui a bénéficié de 4 subventions de recherche dans le cadre du Programme de bourses BloodTechNet de la Société canadienne du sang, a été créé dans le but de normaliser les activités de recrutement à l’Université de Colombie-Britannique. Sa portée s’est toutefois élargie au fil du temps, car il compte aujourd’hui 27 équipes réparties dans diverses universités du pays, toutes sous la direction du Dr Warren Fingrut.
Si le Dr Fingrut a fondé le Stem Cell Club alors qu’il était étudiant en médecine à l’Université de la Colombie-Britannique, son intérêt pour les cellules souches remonte à ses études de premier cycle à l’Université McMaster, à Hamilton, en Ontario. En 2010, il a aidé les membres de sa confrérie à organiser une activité au cours de laquelle ils ont recruté 1 129 donneurs potentiels en 24 heures ― un exploit qui leur a valu un record Guinness.
Le record a depuis été battu, mais l’intérêt du Dr Fingrut pour les cellules souches est resté, de même que ses préoccupations à l’égard des patients en attente d’un donneur compatible pour une greffe.
« Les histoires des patients m’ont beaucoup touché, en particulier celles des patients appartenant à des groupes ethniques et raciaux qui ne parvenaient pas à trouver un seul donneur compatible dans le monde entier », raconte le Dr Fingrut, qui étudie actuellement en tant que boursier du programme de greffe de moelle osseuse adulte au Centre de cancérologie Memorial SloanKettering, à New York.
Stem Cell Club has recruited more than 20,000 prospective donors to Canadian Blood Services Stem Cell Registry through its volunteer teams at university campuses across Canada.
(Recruitment poster by Melody Salehzadeh, Stem Cell Club at the University of Toronto)
C’est quoi, les cellules souches?
Les cellules souches, et plus précisément les cellules souches hématopoïétiques, sont des cellules immatures qui peuvent se transformer en n’importe quelle cellule sanguine. La greffe de cellules souches est utilisée pour traiter plus de 80 maladies, dont certains cancers du sang. Bien que les cellules souches proviennent de la moelle osseuse, elles sont souvent prélevées au moyen d’une procédure non chirurgicale qui permet de les extraire du sang circulant.
Deux types de dons de cellules souches (chirurgical et non chirurgical)
Une greffe de cellules souches a des résultats optimaux lorsque les antigènes leucocytaires humains (HLA) d’un patient sont compatibles avec les HLA du donneur sur le plan génétique. Il est particulièrement difficile de trouver des donneurs compatibles pour les patients ayant des origines autochtones, asiatiques, hispaniques, afro-canadiennes et métissées, car à l’heure actuelle, seuls 32 % des donneurs potentiels inscrits au Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang sont issus de groupes ethniques variés. Des bénévoles du Stem Cell Club ont réalisé une série de vidéos d’animation sur tableau blanc pour expliquer ces notions et d’autres.
Forts de ce savoir, les bénévoles du Stem Cell Club s’efforcent non seulement de recruter des donneurs pour le Registre, mais aussi d’en accroître la diversité. D’après le club, plus de 55 % des 20 000 donneurs qu’il a recrutés sont d’origine non caucasienne. Et plus de 50 % sont des hommes, qui sont souvent associés à de meilleurs résultats pour les patients après la greffe.
Comment puis-je faire un don de cellules souches?
La pandémie a mis un terme aux activités de recrutement en personne sur les campus. Les membres du club ont donc redoublé d’efforts dans leur approche numérique. Ils continuent notamment d’ajouter des histoires percutantes à leur bibliothèque appelée Why We Swab sur Facebook, Twitter et Instagram.
La bibliothèque propose une collection d’histoires de donneurs de cellules souches, de receveurs et de patients qui cherchent un donneur compatible. On peut même y trouver l’histoire d’un des bénévoles du Stem Cell Club. Ali Rizvi est devenu membre de la section de l’Université Western à sa première année d’études, à l’automne 2015. Son but était de faire une bonne action, « une chose qui paraîtrait bien dans le curriculum vitæ d’un étudiant de première année », relate-t-il.
Au printemps suivant, toutefois, la mission du club était devenue plus personnelle pour Ali. À cette époque, le jeune homme a découvert une bosse sur son cou; il ressentait aussi de la douleur au bas du dos et avait un peu de difficulté à respirer.
« J’ai cru que c’était un signe que je n’étais pas en forme, à cause du poids qu’on prend en première année du baccalauréat, vous savez », explique Ali.
Hélas, après avoir consulté un médecin sur les conseils d’un ami de la famille, Ali a été choqué d’apprendre qu’il souffrait d’une leucémie lymphoblastique aiguë ― un cancer du sang dont il avait entendu parler dans le cadre de son travail auprès du Stem Cell Club.
« Je savais qu’il y avait un problème avec les cellules souches, les “petites usines”. On les appelle comme ça parce qu’elles fabriquent les différentes cellules sanguines », souligne Ali, qui a puisé dans ses connaissances pour expliquer son diagnostic à ses parents.
Ali savait également que pour vaincre la maladie, il pourrait avoir besoin d’une greffe de cellules souches. Cela l’inquiétait, car il savait qu’avec ses origines métisses pakistanaise et iranienne, cela pourrait être difficile, voire impossible, de trouver un donneur compatible dans le registre. Pendant que l’on vérifiait la compatibilité des trois membres de sa fratrie, Ali a attendu anxieusement les résultats.
« Je disais des prières du genre : “S’il vous plaît, il faut que l’un de vous soit compatible avec moi, juste au cas. Je suis désolé pour toutes les fois où j’ai emprunté votre chemise ou la voiture quand vous en aviez besoin!”, plaisante-t-il. Par bonheur, deux d’entre eux ont été déclarés compatibles, mais pendant une semaine ou deux, le fait de ne pas savoir était pire que le diagnostic de leucémie. »
Heureusement, après un traitement de chimiothérapie, son cancer est maintenant en rémission et Ali espère n’avoir jamais besoin d’une greffe. Son travail de recrutement a toutefois pris un nouveau sens, car il est bien conscient que les trois quarts des patients n’auront pas sa chance de compter un donneur compatible au sein leur propre famille.
S’adapter à la pandémie
Pour relever le défi du recrutement pendant la pandémie, le Stem Cell Club a récemment commencé à utiliser le réseau social TikTok.
« C’est parfait pour notre public cible parce qu’on essaie de recruter des jeunes de 17 à 35 ans et que la moitié des utilisateurs de TikTok appartient à cette tranche d’âge », explique Brady Park, coprésident de la section du Stem Cell Club à l’Université Western, qui a créé plusieurs vidéos publiées sur la plateforme et qui en est la vedette.
« TikTok nous permet aussi de rejoindre un plus vaste auditoire partout au Canada, pas seulement dans les campus universitaires. Je le vois vraiment comme un outil de recrutement novateur, qui pourra être utilisé même après la pandémie. »
Le club misera fortement sur les réseaux sociaux pour sa campagne de février, qui sera axée sur le recrutement de donneurs de race noire à l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs. La campagne sera dirigée par le président de la section du club à l’Université de Regina. « À bien des égards, c’est le moment idéal pour demander aux Canadiens de toutes les origines de s’inscrire au registre de donneurs de cellules souches », affirme le Dr Fingrut.
« On assiste actuellement à un débat national sur le racisme institutionnel et systémique et on parle beaucoup du mouvement Black Lives Matter, poursuit-il. Les disparités raciales dans les résultats en matière de santé font également l’objet de discussions à l’échelle nationale. Et nous travaillons pour aider à corriger ces disparités.»
Les campagnes nationales de recrutement de donneurs du Dr Fingrut et de ses bénévoles ont bénéficié de la couverture médiatique de plus d’une vingtaine d’organes radiotélévisés et écrits dont le Toronto Star et le Toronto Sun. De plus, les bénévoles transmettent leurs connaissances à l’ensemble du milieu médical et de la recherche. En décembre, ils ont fait une présentation orale à une réunion de l’American Society of Hematology et feront également un exposé à une réunion de l’American Society of Transplantation and Cellular Therapy en février 2021. Ils ont publié des articles sur leur travail dans de multiples revues à comité de lecture, notamment dans Biology of Blood and Marrow Transplantation (BBMT), Transfusion, Current Oncology et Vox Sanguinis.
Grâce aux activités du Stem Cell Club, le Dr Fingrut espère instaurer une culture du don au Canada et ailleurs. Il souhaite que les donneurs admissibles de toutes les origines soient bien renseignés au sujet du don de cellules souches et de son importance pour les patients.
« Pour cela, il est essentiel de faire de la sensibilisation, de publier des histoires et d’élaborer et distribuer des ressources afin de captiver le cœur et l’esprit des Canadiens, y compris ceux de diverses origines », conclut-il.
Les personnes de 17 à 35 ans peuvent s’inscrire au Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang en ligne afin de recevoir une trousse d’inscription par la poste. Nous avons besoin de donneurs issus de la diversité pour répondre aux besoins des patients de toutes les origines ethniques.