Par son travail sur le sang de cordon, une chercheuse contribue à la lutte contre le cancer
Les dons de sang de cordon ombilical alimentent les travaux de Marjorie Brand sur les maladies du sang et certaines formes de cancer.
Le sang de cordon ombilical, autrefois simplement éliminé après la naissance, peut désormais aider des patients qui ont besoin de greffes de cellules souches en raison d’un cancer ou d’une maladie du sang. Les chercheurs au Canada dépendent de cette ressource précieuse pour leurs travaux de recherche biomédicale qui mèneront à de nouvelles découvertes au service des patients.
Depuis 2014, la Société canadienne du sang a fourni aux chercheurs du pays plus de 1 000 unités de sang de cordon afin de contribuer aux progrès dans les domaines de la médecine transfusionnelle, de la thérapie cellulaire et de la greffe. Marjorie Brand, chercheuse principale au sein de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa et professeure à l’Université d’Ottawa, fait partie de ces chercheurs.
« Les travaux que nous effectuons dans mon laboratoire auront une incidence directe sur les patients souffrant de maladies du sang, affirme-t-elle. Mais nous espérons que les principes généraux mis au jour auront des applications au-delà de maladies précises afin de bénéficier à l’ensemble de la communauté scientifique et des patients. »
Programme Sang de cordon pour la recherche
Le sang de cordon donné à la Banque de sang de cordon de la Société canadienne du sang est généralement stocké et mis à la disposition des patients qui ont besoin d’une greffe de cellules souches au Canada ou dans le reste du monde.
Cependant, toutes les unités de sang de cordon ne répondent pas aux critères de mise en banque. Parfois, pour des raisons non liées à la santé de la mère ou du bébé, leur volume est insuffisant, ou elles ne contiennent pas suffisamment de cellules souches pour une greffe. Dans ces cas, avec le consentement de la mère, l’unité en question est remise à l’un des nombreux projets de recherche approuvés au Canada.
Les femmes qui accouchent à Ottawa, Brampton, Edmonton ou Vancouver se voient souvent offrir la possibilité de donner le sang de cordon de leur bébé à des fins de recherche biomédicale. Les chercheurs qui ont besoin de ces produits doivent faire approuver leurs travaux par le Programme d’éthique de la recherche de la Société canadienne du sang avant de les recevoir.
La recherche biomédicale vise à ouvrir la voie à de nouveaux traitements plus sûrs et plus efficaces. Dans le laboratoire de Marjorie Brand, on étudie les mécanismes par lesquels les cellules souches hématopoïétiques (les cellules souches qui se transforment en d’autres cellules sanguines) décident de produire des cellules particulières, comme les globules rouges ou les plaquettes. « L’idée, c’est qu’une fois qu’on aura compris les mécanismes moléculaires à l’origine de ces décisions, nous pourrons intervenir pour corriger les défaillances qui surgissent au niveau de la production cellulaire dans le cas de diverses maladies du sang. »
Marjorie explique qu’en améliorant la compréhension de ces mécanismes, les chercheurs pourraient mettre le doigt sur ce qui ne fonctionne pas dans les cellules cancéreuses. Selon elle, cela est d’une importance cruciale, non seulement pour comprendre ce qui rend certaines cellules sanguines cancéreuses, mais aussi pour mettre au point de nouveaux traitements à l’intention des patients souffrant d’une leucémie.
Marjorie Brand utilise du sang de cordon ombilical provenant de dons pour étudier les maladies du sang et les cancers.
Pourquoi le sang de cordon?
Le sang de cordon est un élément essentiel des travaux de Marjorie Brand. Certains de ses travaux portent plus particulièrement sur la formation des globules rouges à partir de cellules souches hématopoïétiques.
À l’aide d’une méthode novatrice qui a permis à son équipe de mesurer pour la première fois les protéines dans des cellules sanguines isolées, elle a récemment identifié deux protéines qui s’affrontent au sein d’une même cellule souche, et découvert que la protéine « gagnante » décidait ce que deviendrait la cellule souche : un globule rouge ou une plaquette.
« Il s’agit d’une percée dans le domaine de la biologie des cellules souches qui n’a été possible que grâce à l’accès à des cellules souches hématopoïétiques provenant de sang de cordon, explique-t-elle. Nous avons eu besoin d’un grand nombre d’unités de sang de cordon ombilical, car la mesure des protéines dans des cellules unitaires est très complexe d’un point de vue technique, et il faut bien plus de cellules que ça ne serait le cas pour mesurer l’ADN.
Les échantillons de sang de cordon que nous avons reçus de la Société canadienne du sang ont eu une importance capitale dans ce projet. »
Incidences pour les patients
Les cellules souches que l’on trouve dans le sang du cordon ombilical peuvent traiter plus de 80 affections, dont la leucémie, le lymphome et l’anémie aplasique. Marjorie Brand espère que ses travaux mèneront à une amélioration de la détection et du traitement de la leucémie. Son laboratoire découvre souvent de nouveaux médicaments potentiels pour les patients atteints de cette maladie.
« Le sang du cordon ombilical représente une source unique de cellules sanguines saines permettant de mettre à l’essai de nouveaux médicaments contre la leucémie. Cette précieuse ressource est au cœur de mes travaux et elle a le potentiel de changer les choses pour les patients qui luttent contre la leucémie grâce à la mise au point de nouveaux traitements », explique-t-elle.
Marjorie Brand mène également des recherches sur un cancer agressif appelé leucémie lymphoblastique aiguë à cellules T. Ce type de cancer envahit rapidement la circulation sanguine du patient et peut se propager aux organes. Ses travaux de recherche visent à comprendre les défaillances au niveau moléculaire dans le cas d’une leucémie en comparant des cellules saines provenant de sang de cordon à des cellules sanguines provenant de patients atteints de leucémie.
« La comparaison des cellules saines à leurs équivalents leucémiques nous permet de repérer les importantes différences entre les cellules malades et les cellules saines. Ainsi, nous pourrons non seulement comprendre le mécanisme de la leucémie, mais aussi identifier de nouvelles cibles pour élaborer de nouvelles approches thérapeutiques », explique la chercheuse.
Répercussions de la pandémie de COVID-19 sur le don du sang de cordon
Alors que la pandémie de COVID-19 prenait de l’ampleur, la Banque de sang de cordon de la Société canadienne du sang a suspendu temporairement les prélèvements de sang de cordon dans les quatre hôpitaux participants (Ottawa, Brampton, Edmonton et Vancouver). Cette décision découlait des recommandations de santé publique visant à limiter le risque d’exposition à la COVID-19. Toutefois, les prélèvements de sang de cordon ont aujourd’hui repris à Ottawa, Brampton et Edmonton.
La Société canadienne du sang travaille étroitement avec l’hôpital participant à Vancouver, suivant de près l’information provenant de ses partenaires provinciaux afin de déterminer le moment propice pour la reprise de la collecte dans cette ville.
La pandémie n’a pas seulement entraîné l’arrêt de la collecte du sang de cordon, elle a aussi forcé les chercheurs comme Marjorie Brand à raccrocher leurs blouses de laboratoire pendant un certain temps.
« Mon laboratoire, comme de nombreux autres, a été touché par la pandémie de COVID-19, puisque nous avons dû mettre à l’arrêt quasiment toutes nos activités de recherche (sauf celles en bioinformatique) pendant trois mois. Maintenant, nous avons repris les expériences, mais à une échelle limitée pour pouvoir respecter les règles de distanciation dans les laboratoires. »
Alors que nous marquons le Mois de la sensibilisation au don de sang de cordon en juillet, nous invitons les femmes enceintes qui vivent à Brampton, Ottawa, Edmonton et Vancouver à envisager le don de sang de cordon. Vous pouvez vous inscrire en ligne pour faire un don. Chaque don peut sauver une vie.