Réduction de la période d’attente pour donner du sang après un court séjour dans une région impaludée

Fondé sur des données probantes, ce nouveau changement permettra à des milliers de Canadiens admissibles de donner du sang

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4 septembre 2020
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La modification de ce critère d’admissibilité au don de sang permettra aux personnes qui ont séjourné dans une région impaludée de donner du sang trois mois après leur retour, s’ils y ont passé moins de six mois consécutifs. Avant le 30 août 2020, ces voyageurs devaient patienter douze mois pour pouvoir donner du sang.

« À la Société canadienne du sang, nous voulons être le plus inclusif possible, tout en remplissant notre promesse de protéger le système d’approvisionnement en sang du Canada, rappelle la Dre  Mindy Goldman, directrice médicale de la sécurité transfusionnelle et des analyses au sein de l’organisation. Ce changement reflète les données scientifiques les plus récentes, qui montrent que les voyageurs qui ont brièvement séjourné dans des régions impaludées peuvent donner du sang trois mois après leur retour sans risque pour les patients. »

Ainsi, des milliers de Canadiens qui ne pouvaient pas donner de sang auparavant pourront désormais le faire. Le risque de malaria associé aux voyages à l’étranger est l’un des principaux motifs d’exclusion du don de sang; il arrive au second rang, après un taux d’hémoglobine insuffisant. En 2019, entre 1 100 et 2 000 personnes par mois n’ont pas pu donner du sang à cause d’un séjour dans une région touchée par la malaria.

Qu’est-ce que la malaria (ou paludisme)?

La malaria est une maladie parasitaire qui est transmise par des moustiques. Les symptômes varient en intensité, allant d’une fièvre légère à des complications pouvant entraîner le décès.

La malaria n’est pas endémique au Canada. En d’autres mots, si une personne développe la maladie au Canada, c’est qu’elle l’a contractée dans un autre pays. Les moustiques porteurs du parasite qui cause la malaria sont présents dans de nombreuses régions du monde, mais dans 90 % des cas, la maladie se transmet en Afrique. Pour identifier les régions à risque, nous utilisons une liste fournie par les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis. Outre une grande partie du continent africain, ces régions comprennent l’Asie du Sud-Est, la région de la Méditerranée orientale, le Mexique, l’Amérique centrale, les Caraïbes et l’Amérique du Sud. Voir la liste complète.

Étant donné qu’il n’y a pas de test homologué au Canada ou aux États-Unis pour dépister la malaria chez les donneurs de sang, nous imposons aux voyageurs des périodes d’attente pour le don de sang. Par ailleurs, les personnes qui ont contracté la maladie sont exclues du don de sang total et de plaquettes de façon permanente. Elles peuvent toutefois donner du « plasma-aphérèse », c’est-à-dire le plasma que l’on utilise pour fabriquer des médicaments et non pour la transfusion.

Accorder la priorité à la sécurité tout en évoluant avec la science

Bien que la malaria puisse être transmise par le sang, il n’existe aucun cas prouvé de transmission à des patients au Canada et aux États-Unis par des donneurs de sang qui avaient séjourné brièvement dans des régions à risque. Un examen d’études réalisées partout dans le monde a fourni les preuves nécessaires pour que ce critère d’admissibilité soit modifié.

Au Canada, seuls trois receveurs ont contracté la maladie par transfusion sanguine, et ce, avant la création de la Société canadienne du sang, soit en 1994, en 1995 et en 1997. Dans les trois cas, les donneurs avaient eu la malaria dans le passé. C’est pour cette raison qu’il a été décidé d’exclure à vie du don de sang les personnes qui avaient des antécédents de la maladie. Ces données concordent avec celles qui ont été observées aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni.

« Nous savons que les voyageurs qui reviennent d’un séjour de courte durée dans une région impaludée sont très rarement atteints de la maladie. C’est parce qu’ils ont moins d’occasions d’être exposés au parasite et que les régions visitées par la plupart des voyageurs canadiens présentent un risque relativement faible », explique la Dre Goldman.

Des études canadiennes et américaines indiquent que la grande majorité des cas de malaria sont observés chez des immigrants de différentes régions du monde où elle est endémique, en particulier l’Afrique. Il y a très peu de cas chez les voyageurs qui ont séjourné dans une région à risque pendant une courte période. De plus, le type de malaria le plus souvent associé à des cas de transmission par le sang est celui qui provoque généralement les plus graves symptômes, lesquels apparaissent assez rapidement. Il est donc peu probable qu’une personne soit infectée et qu’elle ne le sache pas.

La période d’attente de trois ans après un séjour plus long dans une région à risque demeure en vigueur

Le nouveau critère d’admissibilité s’applique uniquement aux séjours de courte durée. Les personnes qui ont passé six mois ou plus dans une région impaludée doivent toujours attendre trois ans avant de pouvoir donner du sang. Et toute personne ayant déjà contracté la maladie demeure exclue du don de sang total et de plaquettes de façon permanente.

Le don de plasma-aphérèse est toutefois une autre façon de donner. Ce type de don n’est pas soumis aux périodes d’attente liées aux voyages à l’étranger, car le fractionnement — le processus utilisé pour préparer des médicaments à base de plasma — tue le parasite qui cause la malaria. Il est possible de faire des dons de plasma-aphérèse dans certains centres de donneurs de la Société canadienne du sang. Les gens qui ont contracté la malaria dans le passé peuvent aussi donner du plasma-aphérèse six mois après leur rétablissement.

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