Le sang de cordon ombilical sauve des vies
Lourdess Sumners a survécu à la leucémie infantile grâce à des dons de sang de cordon.
Il y a douze ans, des donneurs de sang de cordon ont sauvé la vie de Lourdess Sumners. Aujourd’hui, la jeune femme profite au maximum de ce cadeau.
« Le sang de cordon m’a permis de suivre ma passion », affirme Lourdess, 22 ans, qui se prépare à entreprendre sa troisième année d’études en théâtre à l’Université de Victoria. « Je ne veux faire rien d’autre que ce qui me passionne. La vie est courte et on peut la tenir pour acquise, mais c’est une chose que je ne veux pas faire. »
La passion de Lourdess pour le théâtre remonte à l’époque de son hospitalisation pour sa leucémie à l’âge de huit ans, et peut-être même avant. Elle se rappelle avoir regardé des comédies musicales pendant son traitement. Après la chimiothérapie, elle a été en rémission, mais lorsque son cancer est revenu l’année suivante, une greffe de cellules souches était son meilleur espoir de guérison.
Pour Lourdess, les cellules souches sont venues du sang de cordon ombilical de deux donneurs anonymes vivant dans deux régions opposées du monde.
Les cellules souches sauvent des vies
Les cellules souches se trouvent dans la moelle osseuse et le sang circulant des donneurs adultes ainsi que dans le sang de cordon ombilical. Elles peuvent servir à traiter plus de 80 maladies, dont la leucémie, le lymphome et l’anémie aplasique.
Au Canada, les adultes qui désirent donner des cellules souches doivent s’inscrire au Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang. Les cellules souches du sang de cordon ombilical sont quant à elles prélevées au moment de l’accouchement. Il s’agit d’une procédure non invasive, car le sang est prélevé dans le placenta et le cordon ombilical après la naissance du bébé. Les femmes enceintes peuvent s’inscrire pendant leur grossesse pour faire leur don à la Banque de sang de cordon de la Société canadienne du sang.
S’inscrire au Registre de donneurs de cellules souches
S’inscrire pour un don de sang de cordon
« Ce que j’ai trouvé incroyable, c’est que l’on ait pu extraire des cellules souches de ce qui est essentiellement un déchet hospitalier et s’en servir pour sauver une vie », explique le père de Lourdess, Orlando Sumners.
Les médecins avaient tenté en vain de trouver un donneur adulte compatible pour Lourdess. C’est que ses origines mixtes — son père, Orlando, est de type caucasien tandis que sa mère, Regina, est d’origine philippine — posaient un défi particulier. Il faut savoir que les patients sont plus susceptibles de trouver un donneur compatible parmi les personnes qui sont de la même origine ethnique et que le bassin de donneurs adultes potentiels ayant une ethnicité mixte est restreint.
Le sang de cordon offre une autre source de cellules souches, ce qui accroît les possibilités de don. De plus, la greffe de cellules souches de sang de cordon exige un degré de compatibilité moins précis que lorsque les cellules souches proviennent d’un donneur adulte.
« Le monde est une mosaïque. Plus de gens doivent donner et s’impliquer, souligne Lourdess. C’est un geste simple qui peut changer la vie d’une personne de la meilleure façon possible. »
Maintenant dans la vingtaine, Lourdess est aussi consciente des besoins des futurs patients d’origines ethniques mixtes.
« Je pense aux enfants que je pourrais avoir dans l’avenir. Si un de mes enfants avait besoin de cellules souches, cela m’inquièterait », avoue-t-elle.
La jeune femme a appris qu’aujourd’hui, environ 26 % des dons faits à la Banque de sang de cordon de la Société canadienne du sang viennent de donneurs d’ethnicité mixte.
« Je suis heureuse de savoir qu’il y a plus de donneurs de différentes origines ethniques. »
Lourdess Sumners (à gauche) avec ses parents, Orlando et Regina Sumners.
De l’espoir grâce à deux dons de sang de cordon
À l’époque de la greffe de Lourdess, en 2008, la Banque de sang de cordon de la Société canadienne du sang n’existait pas encore; des dons en argent ont permis de créer la Banque, qui a été inaugurée en 2013. Les médecins de Lourdess ont eu recours à d’autres moyens pour trouver des unités de sang de cordon appropriées. Au final, ils ont opté pour un don provenant des États-Unis et un autre du Japon.
« La décision d’utiliser deux dons différents était exceptionnelle, explique Orlando, mais les médecins croyaient que ma fille aurait plus de chances de survivre. »
« Nous étions bien conscients que notre fille pouvait mourir », ajoute Orlando, qui se souvient avoir perdu un ami d’enfance à cause de la leucémie. « Nous étions ouverts à toute forme d’espoir. »
Les médecins ont également prévenu la famille de Lourdess que son rétablissement pourrait être difficile, car les cellules souches qu’ils avaient trouvées — bien que son meilleur espoir — n’étaient pas parfaitement compatibles. Lourdess a souffert de complications dues à une réaction du greffon contre l’hôte. Cette réaction se produit lorsque les cellules souches greffées perçoivent les cellules de l’organisme du receveur comme des corps étrangers et s’y attaquent.
« J’apprécie plus le fait d’être santé que bien d’autres jeunes de mon âge, croit Lourdess. Il est facile de se croire invincible quand on est jeune, mais ça n’a jamais été mon cas. »
En donnant du sang de cordon ou en s’inscrivant au registre de donneurs de cellules souches, les donneurs aident les centres de transplantation à offrir des cellules souches plus compatibles aux patients, ce qui contribue à réduire le risque de complications potentiellement mortelles.
Quel impact la COVID-19 a-t-elle sur la greffe de cellules souches au Canada?
« En fait, la demande de sang de cordon a considérablement augmenté au cours des mois de pandémie, a indiqué Graham Sher, chef de la direction de la Société canadienne du sang. Nous avons distribué sept unités de sang de cordon uniquement pendant les trois premiers mois de pandémie. L’an dernier, la Banque a distribué six unités au total. »
Durant la pandémie, Lourdess Sumners vit avec ses parents à Duncan, en Colombie-Britannique. Elle comptait terminer son année scolaire avec un rôle dans la pièce The Children’s Hour, de Lillian Hellman, produite par l’Université de Victoria, mais à cause de la COVID-19, le rideau ne s’est jamais levé.
Lourdess nourrit toujours de grands rêves pour son avenir dans les arts. Elle travaille actuellement sur une histoire au sujet d’une jeune fille atteinte de cancer et, tandis qu’elle entreprend une carrière en théâtre, elle prévoit mettre davantage à profit son expérience en tant que survivante du cancer et receveuse de cellules souches. Lourdess veut aussi être la voix des amis qu’elle a perdus.
« J’espère utiliser mon art et ce que j’ai appris pour défendre et mettre en lumière un sujet dont on ne parle pas beaucoup. »
La voix de son père, Orlando, se charge d’émotion lorsqu’il parle des donneurs qui ont donné la possibilité à sa fille de réaliser de tels rêves.
« Je me suis souvent demandé qui sont ces gens merveilleux qui nous ont donné ce cadeau, dit-il. Ils ne savent peut-être même pas à quel point ils nous ont aidés. »
Depuis le lancement de la Banque de sang de cordon de la Société canadienne du sang en 2013, nous avons recueilli plus de 34 000 unités de sang de cordon auprès de mères volontaires en bonne santé dans l’ensemble du pays. La collecte de sang de cordon se fait dans des hôpitaux d’Ottawa, de Brampton, d’Edmonton et de Vancouver. Les femmes qui prévoient accoucher dans ces quatre villes peuvent s’inscrire en ligne pour faire un don. Chaque don a le potentiel de sauver une vie.